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A Courchevel, un chalet classé attend d'être reconstruit

par Au Cœur de l'Immo, le

Ce chalet classé de Courchevel va être reconstruit après avoir été entreposé dans un hangar cet été.

Créée en 1946 sur la commune de Saint-Bon-en-Tarentaise par le Conseil général de Savoie, Courchevel 1850 est initialement conçue comme une station sociale, destinée au ski populaire.

Les terrains, des pâturages à moutons, sont acquis pour une bouchée de pain par le département.

C'est là que Georges Lang, industriel des Vosges, fait construire en 1950 son chalet au milieu des sapins, sorte de boite en bois montée sur des pilotis en béton. "A l'époque, on pouvait apercevoir des petites hermines blanches, des lièvres", se souvient-il.

En 1983, le nouveau plan d'occupation des sols autorise une densification de la station. Le prix du foncier flambe et les chalets d'origine disparaissent au profit d'édifices luxueux d'un style néo-tyrolien, prisés des milliardaires russes.

Plus les années passent et plus le chalet Lang semble frêle, rare survivance d'une époque révolue, cerné de constructions massives. En 2001, son inscription aux monuments historiques est proposée à son propriétaire, qui la refuse tout net. "C'était retirer toute valeur au terrain", assène-t-il.

Dix ans plus tard, M. Lang, âgé de 85 ans, conclut la vente du chalet et du terrain attenant pour 11 millions d'euros.

Le promoteur corse François-Xavier Susini, qui a acquis le terrain via la SCI Apopka, a pris soin auparavant d'obtenir un permis de construire valant démolition préalable.

Son projet est à l'image des constructions en vogue à Courchevel: un luxueux chalet sur huit niveaux de 2.216 m2, dont une partie creusée dans la montagne, avec simulateur de golf, piscine, cinéma et salle de sports.

 

"Mémoire d'un Courchevel simple"

 

Mais la disparition programmée du chalet Lang alarme les amateurs d'architecture de montagne, parmi lesquels le président (UMP) du conseil général de Savoie Hervé Gaymard, qui saisit le ministère de la Culture.

Dès le 28 janvier 2011, lendemain de la vente, celui-ci place le chalet Lang en "instance de classement au titre des monuments historiques" le mettant à l'abri de toute destruction pendant un an.

Les commissions régionale et nationale se prononcent alors en faveur de son inscription puis de son classement aux monuments historiques, et proposent son démontage pour le protéger durablement sans léser le nouveau propriétaire du terrain.

"Pour un monument historique, c'est une solution exceptionnelle", souligne François Goven, inspecteur général des monuments historiques, en citant le cas de la Chancellerie d'Orléans démontée à l'occasion de l'agrandissement de la Banque de France en 1924 à Paris. Et qui n'a jamais été remontée depuis.

Déconstruites durant l'été, les milliers de pièces du chalet, numérotées et classées, reposent aujourd'hui dans deux hangars à Chambéry et Albertville, le tout aux frais de M. Susini. Il doit être remonté, probablement au printemps 2015, sur un terrain cédé par la commune près de l'altiport.

"C'est complètement idiot, c'est de l'argent fichu en l'air", critique Georges Lang, qui décrit un "chalet raté, pas fonctionnel" et dont la toiture fuyait.

"C'est cette mémoire d'un Courchevel simple qu'on voulait garder", défend au contraire M. Goven.

"D'une montagne nature, on est passé à une artificialisation et à une financiarisation de la montagne", décrit Jean-François Lyon-Caen, qui s'est beaucoup battu pour sauver le chalet.

Il milite désormais pour qu'il soit reconstruit dans un "endroit qui ait du sens", dans le jardin alpin au coeur de la station, plutôt que "près des garages à dameuses" de l'altiport.

"A être trop exigeant, le risque est de discuter pendant cinq ans et de ne pas remonter le chalet", rétorque M. Goven.

A terme, le chalet doit être couplé à un centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine qui raconterait l'histoire de la transformation de la montagne par le ski.

 

Avec l'AFP

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