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Interview : Géraud Delvolvé nous explique le "Tour de France de l'UNIS"

par Au Cœur de l'Immo, le

Géraud Delvolvé, délégué général de l’Union des syndicats de l’immobilier

La rédaction d’aucoeurdelimmo.com a eu le plaisir d’interviewer Mr Géraud Delvolvé, sur le déroulement du Tour de France de l’UNIS qui a débuté en avril 2016.

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Aucoeurdelimmo.com – L’UNIS souhaite rencontrer l’ensemble des acteurs politiques locaux en charge du logement. Expliquez-nous votre démarche.

Géraud Delvolvé – Dans le cadre d’un Tour de France, nous organisons des débats politiques régionaux permettant d’asseoir notre ancrage territorial. Débuté en avril, ce tour se terminera en septembre avec un point d’orgue : le congrès annuel de l’UNIS qui se tiendra le 13 et le 14 octobre à Lyon.

 

Nous rencontrons les acteurs politiques locaux - entre six et dix acteurs publics en moyenne - dans 10 villes : Lyon, Lille, Rennes, Le Havre, Montpellier, Bordeaux, Strasbourg, Nantes, Marseille, Toulouse, et Paris.

 

Deux constats sont à l’origine de ces rencontres. Premièrement, nous avons constaté, avec grand regret, que depuis 16 ans, 16 lois ont considérablement impacté le logement. La dernière en date étant la loi ALUR. Malgré cet ajustement législatif permanent, les observateurs considèrent qu’il y a toujours une crise du logement. Deuxièmement, le paysage territorial a été transformé par la loi NOTRe et la loi MAPTAM. Les élections départementales (mars 2015) et régionales (décembre 2015) ont placé de nouveaux acteurs pour cinq ans.  Nous constatons que progressivement, les territoires s’approprient de plus en plus la « compétence logement ».

Accompagnant ces transformations, l’UNIS plaide pour « une politique du logement plus agile ».

 

Aucoeurdelimmo.com – Sur quelles dynamiques reposent les débats ? 

Géraud Delvolvé – Le point de départ se fonde sur nos métiers, et l’approche de terrain qu’ils permettent : la gestion immobilière et le marché locatif ; la vente ; les promoteurs-rénovateurs face aux Plans Locaux d’Urbanisme ; le syndic de copropriété avec les enjeux de rénovation énergétique.

Ces rencontres sont adaptées selon les spécificités des métropoles et les profils des acteurs présents. Par exemple, l’encadrement des loyers n’est pas un sujet à Lyon, alors qu’il est d’actualité à Lille. Strasbourg et Rennes sont en pointe en matière de rénovation énergétique. L’étalement urbain est vécu différemment à Montpellier et au Havre. La construction de logements sociaux doit être également appréciés par rapport au taux de vacance de logements privés pour en vérifier la pertinence.

 

Aucoeurdelimmo.com – Quelle est la finalité de ces rencontres ?

Géraud Delvolvé – Nous avons un double objectif qui est, dans un premier temps, de recueillir les avis des acteurs politiques et administratifs locaux et d’encourager les points d’échanges et de concertation. En effet,  nous rencontrons des représentants de régions, de départements, de métropoles, la DREAL - la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement - afin de leurs demander leurs avis et connaître les actions mises en place localement. Nous leur demandons ce qu’ils attendent de nous, et, en échange, leur indiquons ce que nous attendons d’eux : c’est un réel échange.

Nous identifions les initiatives prises localement, mesurons leur efficacité et, si ces dernières rencontrent un succès, proposons de les étendre à d’autres territoires.

 

Nous souhaitons également tester, avec eux, des propositions. En effet, lors de notre congrès d’octobre, une séquence traitera des propositions de l’UNIS pour peser dans le débat politique des élections présidentielle et législative de 2017. Nous indiquerons nos propositions aux prochains candidats.

 

Aucoeurdelimmo.com – Avez-vous des exemples de propositions à nous donner ? 

Nous avons fait plusieurs constats qui nous permettent d’amener des réflexions et des propositions alternatives. Nos pistes se dessinent autour de la volonté d’une politique du logement au plus proche des attentes locales et la reconnaissance des professionnels et des partenaires du logement dans les territoires.

 

Par exemple, nous suggérons de mettre en place des structures collaboratives entre pouvoirs publics et professionnels une ou deux fois dans l’année. Et plus généralement, nous souhaitons une politique nationale ou locale plus souple : un choc de simplification et une stabilité juridique et fiscale essentielles.

 

Nous souhaitons, premièrement, proposer une alternative à l’élargissement de l’encadrement des loyers. En effet, nous avons constaté que beaucoup de personnes éligibles au logement social sont logés dans le privé. Les politiques actuelles continuent à encourager la construction de logements sociaux alors même que dans certaines métropoles, comme Rennes ou Le Havre, il y a de la vacance locative dans le privé. On accentue l’offre de logement disponible alors que des existants sont vides. Ce constat se fait un peu partout en France.

Nous avons donc commencé à tester, une proposition alternative à l’encadrement. Plutôt que de forcer tout le monde à baisser son loyer pour le rendre accessible à des populations plus modestes, nous allons proposer une baisse volontaire par le bailleur de son niveau de loyer en étant vigilant à ne loger que des populations éligibles aux logements sociaux. En contrepartie, le bailleur va s’engager à louer son logement pour une durée plus longue, contre incitations fiscales : TVA à 5.5%, exonération de taxe foncière et le cas échéant d’ISF.

 

Autres exemples : Toutes les métropoles lançaient des plans de rénovation pour les copropriétés. A chaque fois qu’un syndic professionnel avait été associé à la démarche, cela se passait bien, les contraintes réglementaires des copropriétés ayant été prises en compte. A l’inverse, si les syndics ne sont pas associés à l’élaboration des plans, le succès de ne sera pas au rendez-vous.  Nous souhaitons donc provoquer le réflexe systématique d’associer les syndics professionnels, et d’y recourir pour tous les immeubles. Cette association anticiperait et proposerait, le plus possibles, des programmes pertinents et réalistes. Partout où il n’y a pas encore ce réflexe, nous l’encourageons.

 

Enfin, nous allons aussi modifier notre organisation et notre structuration à l’UNIS, pour que le découpage de nos régions coïncide avec le nouveau découpage mis en place depuis janvier. Nous observons l’évolution de la politique du logement : comment la politique du logement resterait nationale et la politique de l’habitat deviendrait de plus en plus locale. Nous souhaitons que nos régions puissent répondre aux besoins et alimenter régulièrement, dans l’avenir, les réflexions au travers de cette « politique de l’habitat plus agile».

 

L’UNIS détient une réelle légitimité dans l’organisation de ce tour d’ancrage territorial : un habitant sur deux, en France, est géré ou est en contact avec un professionnel de l’UNIS.

 

Propos recueillis par Emilie Franconi.

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