La tour "Triangle", cible de la droite à l'approche des municipales
par Au Cœur de l'Immo, le

Le groupe UMP au Conseil de Paris a annoncé cette semaine qu'il voterait contre la modification du Plan local d'urbanisme (PLU) devant permettre l'édification de la Tour "Triangle". Située Porte de Versailles (XVe), cette tour de bureaux de 180m de haut, est portée par le leader européen de l'immobilier commercial Unibail-Rodamco.
L'UDI devrait quant à elle s'abstenir lors du vote, prévu mardi au Conseil de Paris.
L'UMP et l'UDI rejoignent dans leur opposition, le MoDem qui souhaite "rendre la réalisation impossible", ainsi que les Verts et le Parti de gauche.
Selon EELV et le PG, ce projet qu'ils critiquent depuis longtemps, accentuera le déséquilibre emplois/logements à Paris et ne pourra respecter les objectifs du Plan Climat de la ville.
La délibération devrait toutefois être adoptée sans difficulté grâce aux voix du PS et du PC.
"Tour Toblerone"
Samedi, Nathalie Kosciusko-Morizet a réaffirmé son opposition au projet, déjà exprimée pendant la campagne de la primaire UMP.
"La tour unique, toute seule, on a déjà eu, c'est la Tour Montparnasse, c'est le monument le plus détesté de tous les Parisiens. La Tour Triangle aujourd'hui en projet, les riverains l'appellent déjà la tour Toblerone (...) c'est un triangle avec le haut coupé, vu de face c'est énorme, c'est très mastoc", a-t-elle déclaré sur France3 Ile-de-France.
Jusqu'à il y a peu, le député-maire UMP du XVe Philippe Goujon était peu fervent défenseur du projet. Au-delà de ces arguments esthétiques, il critique sur sa page Facebook "l'opacité, le manque de concertation, les promesses non tenues, les mauvaises réponses aux réserves du commissaire enquêteur et des habitants concernant l'intérêt général du projet".
A la suite de l'enquête publique, le commissaire enquêteur a en effet remis en mars 2012 un rapport affirmant que "l'intérêt général (du projet) n'est pas démontré à ce jour", assortissant son avis favorable de trois réserves.
- La première concerne le maintien de l'attractivité du parc des expositions de la Porte de Versailles, qui se verra amputer au total de 12.500 m2 pour construire la Tour et un jardin de 8.000 m2.
- La seconde a trait à la saturation des transports en commun et de la circulation dans le secteur.
- La troisième à l'impact environnemental et aux ombres portées générées par la tour.
La Ville estime avoir répondu à ces critiques.
S'agissant de la première, l'entrée en négociation exclusive avec Viparis (société formée conjointement par Unibail et la Chambre de commerce et d'industrie de Paris) pour la modernisation du parc démontre bien, selon elle, la compétitivité du site par rapport à ses concurrents européens.
"Ces réserves nous paraissent aujourd'hui levées", a affirmé jeudi Anne Hidalgo, première adjointe de Bertrand Delanoë en charge de l'urbanisme, lors de la conférence de presse préparatoire au Conseil de Paris.
La candidate PS à la mairie, qui tentera à nouveau en 2014 de ravir son siège à Philippe Goujon en conduisant la liste du PS dans le XVe, a redit son attachement au projet, "important du point de vue de l'emploi et du besoin de Paris et de sa métropole de se doter en bureaux", et a ironisé sur le "changement de pied totalement soudain du groupe UMP sur ce projet que nous portions ensemble".
"J'ai comme le sentiment que les échéances électorales n'y sont pas pour rien (...) mais je laisse à chacun la cohérence de ses positions", a-t-elle lancé.
Dessinée par les prestigieux architectes suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron, la tour dont la livraison est désormais annoncée pour 2017, offrira 88.000 m2 de bureaux et 2.600 m2 d'espace accessible au public.
Le coût de sa construction était estimé en 2011 à 535 millions d'euros.
Avec AFP