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Logement: faiblesses des programmes des candidats à la mairie de Paris

par Au Cœur de l'Immo, le

A cinq mois des municipales, le logement s'est imposé comme un thème central de la campagne électorale à Paris.

Les prix de l'immobilier ont continué de grimper depuis 2001, et se loger est devenu mission impossible à Paris, où seulement un ménage sur trois (moins d'un ménage sur cinq pour les 25-45 ans) est en capacité d'acheter un bien immobilier correspondant à ses besoins, selon une étude menée par l'université Paris Dauphine et le Crédit Foncier.

 

Face à ce casse-tête, les principaux candidats aux futures municipales ont tous dégainé leurs propositions. Dont la principale faiblesse est de ne pas réfléchir à l'échelle de la métropole, seul moyen de réellement résoudre la crise du logement de la capitale, selon des experts interrogés par l'AFP.

"C'est dommage que le débat se concentre sur Paris intra-muros", regrette Stéphanie Vermeersch, chargée de recherche en urbanisme au CNRS.

 

Si elle a souligné la nécessité d'"agir à l'échelle du Grand Paris" pour répondre aux "défis" du logement, la candidate socialiste Anne Hidalgo, tout comme sa rivale UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, concentre ses propositions à l'intérieur du périphérique où se trouvent leurs électeurs potentiels.

 

Reprenant une proposition du PCF, la dauphine de Bertrand Delanoë veut porter la part de logements sociaux dans la capitale à 25% à l'horizon 2025, comme l'exige désormais la loi, puis 30% en 2030 (contre 20% attendus en mars 2014 et 13% en 2001). 

 

Mais UMP et centristes crient à la promesse "intenable" vu le rythme actuel de production de nouveaux logements à Paris (3.000 par an). Pour parvenir à cet objectif il en faudrait 8.000 pendant chacune des seize années à venir, selon NKM.

 

Ville très dense, la capitale souffre d'un manque de terrains disponibles. En s'engageant à "produire 10.000 logements par an", Anne Hidalgo précise qu'un seul tiers proviendra de nouvelles constructions, les deux autres étant assurés par des réaménagements (de casernes par exemple) et la transformation de bureaux.

 

"Les possibilités de construction en dur dans Paris sont très limitées, mais il y a des possibilités en faisant de l'acquisition-réhabilitation d'immeubles anciens, vacants, ou de bureaux", souligne Yankel Fijalkow, professeur des universités en urbanisme, habitat et développement social durable.

 

 

La préemption, "ça prend des années"

 

"Paris possède un parc immobilier ancien très important, qui a besoin d'être réhabilité", remarque ce spécialiste.

A droite, on concentre la campagne sur les classes moyennes, que la municipalité sortante aurait "fait fuir" de Paris.

L'UMP reproche à l'équipe Delanoë d'avoir mené une politique de préemption en achetant très cher des logements "qui ont échappé aux Parisiens" en définitive.

"Il faut réinvestir dans le logement intermédiaire", martèle NKM, qui souhaite aussi "une part d'accession à la propriété" dans tous les nouveaux projets.

 

Mais socialistes et communistes, désormais unis, comptent poursuivre les préemptions, en les étendant au "diffus", c'est-à-dire en acquérant des appartements dans des copropriétés privés pour les dédier au logement social.

 

"La préemption permet de calmer le marché de l'immobilier, ça peut avoir des effets qui atténuent le niveau des prix", note M. Fijalkow.

En revanche, ajoute-t-il, "ça prend des années et des années, car on achète au fur et à mesure que les propriétaires vendent, étage par étage". "Ce n'est pas une solution immédiate", selon lui.

 

 

Quelle solution alors? 

 

Pour Stéphanie Vermeersch, il faut retourner le problème. "Au lieu de se demander: comment loger tout le monde dans Paris?, il faudrait réfléchir à comment faire pour que l'hyper-centre ne soit plus la seule zone attractive?" grâce à ses équipements culturels, scolaires, de transports etc.

 

"Si on raisonne à l'échelle de Paris Métropole, on va en trouver des terrains pour construire", renchérit M. Fijalkow. Une démarche qui impliquerait de repenser le modèle actuel et de travailler en étroite collaboration avec les communes voisines, mais aussi la RATP.

 

La suggestion de Marielle de Sarnez (MoDem) de couvrir voies ferrées et parties enterrées du périphérique pour y construire des logements est-elle un pas dans la bonne direction? 

"C'est de l'urbanisme sur dalle, qui est très coûteux", fait valoir M. Fijalkow. 

"La frontière symbolique demeurera, de même que les inégalités d'attractivité", d'après Mme Vermeersch.

 

 

AFP

 

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