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Pour un gardien HLM, le logement de fonction est une nécessité !

par Au Cœur de l'Immo, le

Plaque d'entrée d'un gardien d'immeuble

 

Un décret de 2012 censé entrer en vigueur en septembre, et passé jusqu'ici inaperçu, réserve aux seuls fonctionnaires ayant une "nécessité absolue de service" le droit à disposer d'un logement de fonction. 

  Résultat, les 2.500 gardiens d'immeubles HLM ayant le statut de fonctionnaires n'auront d'autre choix, s'ils veulent continuer à loger sur place, que d'acquitter une "redevance d'occupation" équivalente à la moitié du loyer du marché.

  "On travaille 35 heures mais on effectue en moyenne 1.900 heures d'astreinte par an qui ne nous sont pas payées. En échange, on nous donne un logement de fonction", explique Abdel Melhaf, en poste à la cité des Jancherolles, où il a la charge de 375 logements. 

  Dépenser 650 euros par mois en moyenne pour le loyer et les charges, tout en continuant à assurer les astreintes, le tout pour 1.200 euros net par mois (en début de carrière).

Dans ces conditions, "pas la peine de rester sur les sites: soit on change de métier soit on essaie de trouver un autre poste" au sein de l'Office, souligne cet employé de Plaine Commune Habitat (PCH), le principal bailleur social de Seine-Saint-Denis (17.000 logements).

   

   - "Qui va rester?" -

   

   "Cette décision revient à retirer un des derniers maillons de la chaîne de solidarité qu'ils représentent dans les quartiers populaires", dit Stéphane Peu, le président de PCH. Et ce, "en contradiction avec les engagements pris au plus haut niveau de l'Etat, comme celui de renforcer le lien social et les services publics" dans ces quartiers déshérités, affirme le maire-adjoint (PCF) de Saint-Denis. 

   "Les médecins sont partis, les bureaux de poste ont fermé, les services municipaux, las de subir des dégradations, ont déménagé: après notre départ, qui va rester?", s'interroge M. Melhaf, 13 ans d'ancienneté. Même s'il dit aimer son métier, Abdel Melhaf ne cache pas sa lassitude face à des locataires parfois irrespectueux.

   "Même quand on est en congé - car on n'a pas les moyens de partir à chaque vacances - on est interpellé. Ou alors on est en train de faire ses courses, on croise un locataire et il nous parle de son problème", soupire-t-il. 

  En son absence, il arrive que les locataires se rabattent sur sa femme ou ses deux enfants, qu'ils chargent de lui transmettre un message. Parmi les motifs d'intervention, il y a les pannes d'ascenseur, les fuites d'eau ou de gaz, les incendies, les problèmes de voisinage mais aussi "tout et rien": un locataire qui proteste parce qu'on s'est garé sur sa place, parce que la barrière du parking ne s'ouvre pas, parce qu'un robinet goutte...

  "En ce moment, comme c'est les vacances scolaires, les enfants jouent devant les bâtiments, alors les locataires se plaignent beaucoup, ils nous demandent d'appeler la police", témoigne M. Melhaf. 

   Face à la montée des incivilités qui peuvent aller jusqu'à l'agression physique (une vingtaine en 2014), les gardiens de Plaine Commune avaient manifesté mi-novembre à Saint-Denis. Mardi, ils iront cette fois aux Invalides pour sauver leur logement de fonction et pouvoir ainsi continuer à honorer leur mission.

 

AFP

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