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Sécurité à La Défense: des tours aux pieds d'argile...

par Au Cœur de l'Immo, le

La Défense présente de nombreuses failles en matière de sécurité qui peinent à être comblées rapidement faute de moyens.

Le site, une forêt de tours où siègent les plus beaux fleurons de l'économie française comme Total ou Société Générale, s'étend en partie sur une dalle piétonne de 31 hectares.

En sous-sol, une ville sous la ville: jusqu'à sept niveaux ont été creusés pour laisser place à un gigantesque réseau de transports en commun, une multitude de voies de desserte, de parkings et à l'autoroute A14. 

 

"C'est un mille-feuille architectural dont l'entretien a été délaissé pendant des décennies d'expansion euphorique. On paye aujourd'hui cette négligence", relève Joëlle Paris, conseillère municipale (EELV) à Courbevoie (Hauts-de-Seine). 

 

Première inquiétude pour les habitués du quartier, les voies souterraines, empruntées quotidiennement par quelque 100.000 automobilistes.

Le tunnel de l'A14, qui relie La Défense à Nanterre sur plus de cinq kilomètres, vient de faire peau neuve, mais sur les autres axes qui désservent le site (une quinzaine), beaucoup reste à faire.

 

"Le programme de modernisation va s'étaler entre 2014 et 2022", explique-t-on à la préfecture des Hauts-de-Seine. En attendant, certains usagers ont le sentiment de "naviguer à vue". "L'éclairage est insuffisant. La ventilation vraiment pas optimale, il n'y a qu'à voir la noirceur des murs", relève Francis, cadre à la Société Générale.

Françoise, employée chez Total, met en avant le manque "flagrant" d'issues de secours dans "ces couloirs dangereux".

 

L'évacuation du quartier en cas d'incident peut aussi s'avérer "problématique", estime un employé d'une société de sécurité, sous couvert d'anonymat. La Défense est encerclée par un boulevard circulaire qu'il faut franchir pour évacuer le site en empruntant des escaliers ou des passerelles étroites. Ces accès sont "clairement sous-dimensionnés", par rapport aux 170.000 salariés qui viennent y travailler quotidiennement, souligne Joëlle Paris. 

 

Un plan de mise en sécurité a été signé le 26 avril 2013 afin de mieux appréhender une éventuelle catastrophe, mais de nombreux éléments restent encore en chantier.

 

"Nous avons recensé une vingtaine d'accès principaux pour évacuer La Défense. Nous travaillons actuellement à les rendre plus lisibles", explique Bertrand Masselin, directeur de la sécurité chez Defacto, chargé de l'entretien du quartier. Il n'y a toujours pas de signalétique des issues d'évacuation.

Des panneaux sont prévus mais ne seront pas installés avant 2015. Quant aux messages d'alerte audio, ils ne seront pas mis en place avant 2016. 

 

Autre inquiétude, la vidéosurveillance "défectueuse" par endroits, selon l'employé de la société de sécurité. "Des caméras, notamment au centre commercial des Quatre Temps,  ne fonctionnent pas et chacun travaille dans son coin", explique-t-il.

 

Chaque tour a son propre PC de sécurité, tout comme la RATP, ou Vinci, qui gère les parkings. "On a besoin d'un local qui sera en capacité de gérer une crise majeure, en assurant une coordination optimale", souligne-t-on chez Defacto. Ce PC devrait être opérationnel en 2016. 

 

La modernisation de La Défense est une nécessité actée par tous, mais sa mise en oeuvre a longtemps été retardée, faute de moyens. Les derniers textes législatifs ne devraient rien arranger.

Depuis la loi du 27 janvier 2014, l'Epadesa, qui aménage le quartier et est géré par l'État, est reconnu propriétaire unique de l'ensemble des infrastructures et équipements publics, tandis qu'à Defacto, piloté par les collectivités locales, revient la charge de leur entretien.

L'État garde la main sur ce quartier stratégique, "mais n'assume pas la charge financière des biens qu'il s'est octroyé", déplore le sénateur des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi (UMP).

 

Defacto a peu de moyens. Puteaux et Courbevoie perçoivent plusieurs dizaines de millions par an de recettes fiscales en partie grâce à La Défense, mais ne reversent à l'établissement que 14 millions.

Du côté de l'Epadesa (qui s'est engagé à rénover tunnels et parkings prévoyant près de 350 millions d'euros) les caisses se vident. L'établissement se finance en vendant des droits à construire, mais les terrains à bâtir se font rares et les promoteurs hésitent à lancer de nouveaux chantiers. Le premier trimestre 2014 a été particulièrement décevant pour le quartier d'affaires.

Selon le baromètre Immostat, 7.100 m² de bureaux ont été loués ou vendus, quatre fois moins que sur les trois premiers mois de 2013. De quoi refroidir les investisseurs... et ralentir les travaux.

Sollicité, l'Epadesa n'a pas souhaité s'exprimer.

 

 

AFP

 

 

 

 

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