Andrée Putman, le chic français par excellence...

Avec beaucoup de rigueur, de classe et un soupçon de fantaisie, Andrée Putman aimait à se définir comme une "touche-à-tout", une "exploratrice" toujours en quête de "nouveaux territoires", souligne l'Agence France Presse dans son portrait dédié à cette grande dame.

Faire le beau au prix du laid...

Grande, toujours coiffée d'un carré ondulé blond, élégante dans ses tailleurs Thierry Mugler très structurés, Andrée Putman avait un maintien aussi impeccable que les objets qu'elle dessinait.

 Issue de la haute bourgeoisie, Andrée Putman naît le 23 décembre 1925 à Paris dans le 6e arrondissement, d'un père normalien et d'une mère musicienne, réputée grande excentrique.

Poussée par sa mère, elle devient pianiste. A 19 ans, elle reçoit le premier prix d'harmonie du conservatoire de Paris des mains du compositeur Francis Poulenc, qui lui prédit dix années de travail et de vie recluse pour accéder, peut-être, à une carrière de compositeur.

Du jour au lendemain, elle plaque la musique.

Sur les conseils de sa grand-mère, Madeleine Saint-René Taillandier, qui fait partie des créatrices du prix Femina, Andrée entre comme coursier pour la revue Femina. 

En 1958, elle épouse Jacques Putman, éditeur d'art et critique. De leur union naissent deux enfants : Cyrille et Olivia.

Collaborant petit à petit à des revues de design, la jeune femme, qui fréquente alors de nombreux artistes (Niki de Saint Phalle, Juliette Gréco, Samuel Beckett, Giacometti, Arman, César) désire rendre l'art contemporain accessible au plus grand nombre.

Denise Fayolle, conceptrice du "style Prisu", la recrute comme styliste chez Prisunic. C'est le début de l'ère : Faire le beau au prix du laid.

 En 1968 elle s’illustre dans l'agence de style Mafia, co-fondée par Denise Fayolle.

Le chic français par excellence... 

En 1971, elle prend la direction artistique de "Créateurs et industriels", une nouvelle société de développement du prêt-à-porter et du textile qui sera une pépinière de jeunes stylistes (Jean-Paul Gaultier, Emmanuelle Khahn, Issey Miyake, Thierry Mugler), avant de fermer en 1976.

A 53 ans, après un douloureux divorce, elle décide de voler de ses propres ailes et  fonde l'agence "Ecart" en 1978 où elle réédite des meubles et objets des années 1930, sortant ainsi de l'oubli des designers comme Robert Mallet-Stevens, Jean-Michel Frank ou Eileen Gray.

Andrée Putman commence à dessiner des intérieurs pour des amis (Michel Guy, Karl Lagerfeld). Elle réalise le Centre d'arts plastiques contemporains de Bordeaux (CAPC). En 1984, elle aménage l'hôtel Morgans à New York dans un style minimaliste qui étonne. Les Américains s'enthousiasment pour cette designer, qui incarne le chic français par excellence.

Jack Lang, alors ministre de la Culture, lui confie la réalisation de son bureau. La première d'une série de commandes officielles. Elle redécore aussi le Concorde pour Air France.

A la suite d'un différend avec son partenaire financier, Andrée Putman doit renoncer à "Ecart". Energique, elle repart et crée en 1997 l'Agence Andrée Putman, aujourd'hui dirigée par sa fille Olivia.  

Avec AFP