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Bloc-notes immo de Henry Buzy-Cazaux : CNTGI, "le retour du même"

par Au Cœur de l'Immo, le

Henry Buzy-Cazaux est Président de l'Institut du Management des Services Immobiliers (Groupe IGS, Université professionnelle).

"La France immobilière attendait l'enfant depuis plusieurs mois. Voilà qu'il vient de naître : le Conseil national de la transaction et de la gestion immobilières a été constitué et son président a été nommé par Mesdames Sylvia Pinel et Christiane Taubira, respectivement ministres du logement et de la justice. Mes lecteurs et mes proches savent deux choses : j'ai provoqué il y a quelque huit ans la réflexion de la communauté professionnelle en préconisant la création d'une instance supérieure - que j'estimais devoir être un ordre -, et lorsque le législateur a fait droit à cette idée j'ai déclaré dès janvier dernier ma candidature à la présidence du Conseil national créé par le projet de loi, devenu loi du 24 mars 2014.

 

Après avoir observé une période de silence au moment où le gouvernement délibérait et où beaucoup s'agitaient, je veux réagir aux choix qui ont été faits.

 

Je dis d'abord que Bernard Vorms, ancien directeur de l'ANIL, fonction qu'il a tenue pendant quarante ans, était le seul compétiteur que j'estimais correspondre au cahier des charges : il est compétent et indépendant. Un ami en outre, qui a contribué à me former depuis près de vingt-cinq ans. L'homme est d'un consensualisme que je n'incarne pas au même degré, et en outre une génération nous sépare : il sera plus gardien du temple que je ne l'aurais été... On sait même mon goût immodéré pour le progrès des pratiques et des textes, au point d'avoir été capable de trouver à la loi ALUR des vertus parce qu'elle me paraissait accroître la valeur ajoutée des professionnels, jusqu'à heurter mes pairs. Bref, tout cela est gage de stabilité et de maintien des grands équilibres. Une véritable option stratégique donc de la part de l'exécutif, devant laquelle je m'incline.

 

 

Quant à la composition du Conseil, elle est également marquée par un certain conservatisme. Les syndicats immobiliers historiques y siègeront seuls, et les autres auront frappé en vain à la porte. ANACOFI Immobilier, qui rassemble les conseils en gestion de patrimoine spécialisés en produits immobiliers, le SYREMI, qui représente les réseaux de mandataires en immobilier, ou encore la CNASIM, qui réunit les agents commerciaux du secteur, n'ont pas été associés au Conseil national.

Du côté des associations de consommateurs, le texte de loi lui-même n'était porteur d'aucune audace : seules les associations agréées, c'est-à-dire en pratique membres du Conseil national de la consommation, pouvaient prétendre appartenir au Conseil de la transaction et de ma gestion. Ainsi, ni l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI), ni l'organisation dissidente, la Chambre nationale des propriétaires, ne seront de la partie.

 

Ce choix stratégique n'est pas indifférent et aura des conséquences. S'agissant de la représentation des professionnels, elle n'est pas complète, sauf à dire que les trois organisations que sont la FNAIM, l'UNIS et le SNPI, ou une seule d'entre elles, s'ouvriraient expressément à la représentation des conseils en patrimoine, des réseaux de mandataires ou encore des négociateurs non salariés, qui occupent une place significative dans le paysage. Quant à la représentation des usagers de l'immobilier, elle est également incomplète: les cinq organisations retenues, pour estimables qu'elles soient, défendent essentiellement l'intérêt des locataires, et l'accession à la propriété, l'investissement locatif, la copropriété ne sont pas leur apanage. On reconnaîtra que le sujet est imparfaitement traité.

 

En somme, après deux années de conflit entre les pouvoirs publics et les agents immobiliers et des administrateurs de biens, le gouvernement a opté pour l'apaisement. La tradition institutionnelle l'a emporté, ce que Nietzsche eût appelé "le retour du même", ou encore "l'Eternel retour".

Il faudra juste que cette ligne ne soit pas exclusive de la modernisation et du progrès de la transaction et de la gestion en France.

Que ceux qui m'ont manifesté leur confiance à la faveur de ma candidature, explicitement ou discrètement, comme les autres d'ailleurs, soient sûrs de mon total engagement dans cette voie. Ils sauront à point nommé de quelle manière je compte ne pas les décevoir. Je le leur dois et je le dois au nouveau Conseil, dont j'ai un peu écrit l'acte de naissance et que j'assure de mon soutien dans son action."

 

 

Henry Buzy-Cazaux,

Président de l'Institut du Management des Services Immobiliers (Groupe IGS, Université professionnelle)

 

 

Source: http://buzycazaux.blog.capital.fr/

 

 

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