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Bloc-notes immo de Henry Buzy-Cazaux : Profession sous tutelle

par Au Cœur de l'Immo, le

Henry Buzy-Cazaux est Président de l'Institut du Management des Services Immobiliers (Groupe IGS, Université professionnelle)

"Que se trame-t-il ? Rien moins qu'une mise sous tutelle de ces professions. Je n'entends pas sur ce sujet de discours clair, et je crois pourtant que ce qui se joue ressemble à la mort annoncée de ces professions libérales en tant que telles. 

 

Pour les avoir servies, exercées, pour en former la relève, je ne puis rester muer sans m'inquiéter ici. Qui plus est, j'avais averti lorsqu'il y a six ans, je préconisais que la communauté professionnelle se prenne en main et organise son propre destin. Que n'avais-je dit ! Créer un ordre ? On m'a soupçonné de pétainisme (si, si, je l'ai entendu). On m'a donné des leçons de sémiologie: le mot "ordre" était trop dur, sonnait mal, n'était pas séduisant. Et puis surtout, les libéraux m'ont rappelé qu'ils se passaient volontiers de loi et d'Etat et que tout allait bien.

Dans le même temps, j'étais sûr de ce que voulait la base, comme on dit, la France d'en-bas, comme eût dit Jean-Pierre Raffarin: elle voulait, pèle-mêle grand public et professionnels de terrain, la respectabilité perdue et la prophylaxie (oui, j'avais un père médecin et j'en ai gardé le goût des termes médicaux. En clair, le nettoyage). 

 

Finalement, les esprits ont cheminé et une collective immobilière, emmenée par la FNAIM et l'UNIS, constituée il y a un an, a formalisé la demande au gouvernement et au parlement d'un Conseil supérieur des professions immobilières, tenu majoritairement par la profession, avec la participation des associations de consommateurs.

Pas vraiment une structure ordinale donc, puisqu'elle exclut la cogestion, mais pas loin. Ce Conseil devait avoir les prérogatives classiques d'un ordre, la discipline, la déontologie, la formation. Je me suis réjoui de ce progrès. 

 

Or, quelles sont les intentions en la matière de Mesdames Duflot et Taubira ?

De faire l'opposé de ce qu'a fini par souhaiter la profession pour elle-même: un Conseil national de l'entremise et de la gestion. Ce projet exhume d'ailleurs un projet de Madame Alliot-Marie, alors Garde des Sceaux.

L'opposé au sens mathématique puisque l'Etat incarné par des hauts-fonctionaires y sera majoritaire. Idem dans les commissions locales chargées de rendre justice aux clients insatisfaits et de régler les litiges, tenues par des magistrats. 

 

La différence, vous la mesurez : agents immobiliers et administrateurs de biens seront mis sous tutelle des pouvoirs publics. Ils constitueront même sans doute les seules professions ainsi placées sous surveillance, coincées entre les métiers de la fonction publique et les commerçants et professions libérales.

L'ordre, quel qu'en eût été le nom, eût marqué la confiance envers les professions immobilières, quand le Conseil national n'est porteur que de méfiance et de défiance. 

 

J'ai face à moi tous les jours des jeunes gens qui veulent entrer en immobilier comme on entre en religion, avec la foi, le feu sacré, l'envie chevillée au corps.

Que devrai-je leur dire demain si le projet de l'Etat prospère ? Qu'ils ne seront jamais adultes ? Et que dire aux entrepreneurs qui ont bâti et développé leurs fonds de commerce de transaction et de gestion? Que leur valeur va fondre, tant il est vrai qu'elle va désormais dépendre des décisions administratives sur lesquelles la profession n'aura pas barre ? 

 

Et l'opinion ? Peut-elle trouver cette dépendance heureuse ? Je ne le crois pas. Elle veut des professionnels responsables et ayant le goût du sevice, pas des chiens à collier, qui ne manqueront pas de s'échapper de la règle dès que possible.

 

Que faire ? Je ne sais plus. Je crains que la profession, incarnée par ses organisations syndicales et ses enseignes les plus visibles, n'ait trop tergiversé et qu'elle ait fini par donner d'elle même une image d'irresponsabilité, accréditant qu'elle n'est pas capable de se régir.

Je crains qu'elle ne puisse plus convaincre qu'elle veut piloter son destin et qu'elle peut le faire avec exigence, sans compromis ni compromission. Si tel était le cas, ceux qui sont l'image de la profession au plus haut niveau depuis ces dernières années en porteraient une responsabilité historique." 

 

Henry Buzy-Cazaux,

Président de l'Institut du Management des Services Immobiliers (Groupe IGS, Université professionnelle)

 

source: http://buzycazaux.blog.capital.fr/

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