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Construction en chute libre: explications du Pdg de Nexity

par Au Cœur de l'Immo, le

Alain Dinin, Pdg du groupe immobilier Nexity

QUESTION : Comment expliquez-vous un nombre de mises en chantier aussi faible en 2014 ?

 

Lire : Logement neuf, construction en chute libre, pire niveau depuis 1997

 

REPONSE: L'année est conforme à ce que nous avions prévu avec des mises en chantier annuelles inférieures à 300.000. Ce n'est pas une surprise: les mises en chantier résultent de contrats de réservation pris deux ans auparavant.

Or avec la crise de 2008 les réservations ont chuté, les investisseurs privés ont déserté le marché, et on a quasiment enlevé le Prêt à taux zéro (PTZ) aux primo-accédants...Les mêmes causes produisant les mêmes effets, en 2014 on a déposé moins de permis de construire qu'en 2013, ce qui veut dire qu'on ne verra pas d'amélioration cette année.

La chaîne de production de logements s'est grippée. Le Premier ministre Manuel Valls et le président François Hollande ont pris un certain nombre de mesures, dont la plupart sont effectives depuis le 1er janvier, et l'on peut espérer une amélioration des prises de commandes en 2015. Mais on ne verra pas augmenter le nombre de grues de chantiers avant 2016. 

   

 

Q: Certains maires élus en mars ont-ils bloqué des projets de construction initiés par leurs prédécesseurs ?

 

R: Un certain nombre de maires ont en effet décidé de poser le crayon pour réfléchir. Dans ces villes-là, il n'a pas été possible de déposer de permis de construire en 2014, et nous attendons impatiemment que ces maires déposent leur Plan local d'urbanisme (PLU). Mais il faut savoir que lorsqu'un élu décide la construction de logements, il faut qu'il produise des équipements publics. Or depuis deux ans, les élus locaux savent qu'à partir de 2015, ils vont devoir financer leurs équipements collectifs sur leurs propres deniers. 

Un maire qui construit 100 logements doit fabriquer aussi des places de crèche, dans les écoles, améliorer les transports etc, ce qui coûte de l'argent. Il a alors trois possibilités: augmenter significativement le prix du terrain, ce qui n'est pas souhaitable, relever les impôts locaux, ce qui est compliqué politiquement, ou le plus facile: être malthusianiste sur les permis de construire. Faute de financements, certains maires, pourtant de bonne volonté, ne construisent pas. 

   

 

Q: De votre avis de promoteur, qu'est-ce qui pourrait lever ces blocages, faire repartir le marché ?

 

R: C'est un sujet politique. Si le gouvernement oblige les maires à construire, ils vont demander qu'on les aide à financer les collectivités locales. C'est aussi un sujet d'équilibre économique, il faudrait établir un équilibre par zones, à l'échelle de l'intercommunalité, avec des péréquations entre les communes qui ont besoin de logements et celles qui en ont moins besoin. En ce qui concerne la demande, ce qui nous manque c'est une vraie incitation des investisseurs institutionnels, les banques et les compagnies d'assurances, à revenir sur le marché du logement intermédiaire. . 

Ensuite, c'est à nous de produire les logements, de fournir une offre adaptée. 

Cela nous permettrait d'avoir une année 2015 un peu moins mauvaise.

 

 

 

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