"Le plan logement du gouvernement est à la fois lisible et obscur", Norbert Fanchon, Groupe Gambetta

Au Cœur de l’Immo - Dans un précédent communiqué de presse, vous exprimez votre souhait d’avoir une politique de logement lisible. Êtes-vous globalement satisfait après l’annonce du projet de loi sur le logement ?

Norbert Fanchon – Pour moi, le plan logement du gouvernement est à la fois lisible et obscur. Je suis effectivement satisfait car des mesures qui ont prouvé leur efficacité sont reconduites. Dans le plan présenté, le dispositif Pinel et le Prêt à Taux Zéro bénéficient d’un délai supplémentaire. L’annonce de cette prolongation de 4 ans est donc une partie lisible du plan.

En revanche, le gouvernement nous a présenté un document de plus de 40 pages avec des intentions et des volontés mais rien n’indique concrètement le déroulement de ce dernier.

Des intentions et des volontés mais rien n’indique concrètement le déroulement de ce dernier.

C’est en ce sens que le projet est obscur. Ce dernier montre la volonté du gouvernement de rassurer les intervenants, mais n’indique pas comment toutes ce mesures vont être mises en place.

 

 

Au Cœur de l’Immo – Que pensez-vous de l’axe principal du plan : « Construire plus, mieux et moins cher » ?

Norbert Fanchon - Je pense que l’hypothèse de départ n’est pas la bonne. Pourquoi « construire plus » ? Qu’est-ce que le gouvernement veut « construire plus » ? Des maisons ? Des immeubles ? Et où veut-il les « construire plus » ? En province ou dans les grandes métropoles ?

« Construire mieux » est également une notion très subjective. Une modération va être mise en place sur les normes, ce qui est un excellent projet. Mais le gouvernement reste encore flou sur sa volonté de simplifier les normes. Surtout qu’en France, la réglementation est complexe et il est difficile de la réformer, notamment avec le principe de précaution.

Enfin, pour la notion de « construire moins cher », je pense que les mesures qui sont prises risquent de conduire à l’effet inverse, notamment avec le projet d’abattement fiscal exceptionnel sur les plus-values.

 

 

Au Cœur de l’Immo - Pensez-vous que le gouvernement, par ce plan, répond aux attentes des promoteurs et aux besoins des particuliers ?

Norbert Fanchon – Pour moi, le gouvernement n’a pas pris en compte les besoins spécifiques de chaque zone. En effet, les besoins ne sont pas les mêmes pour la construction en métropole que pour la construction en zone résidentielle. Dans 90 % du territoire français, on a besoin de bâtir des maisons individuelles. En revanche, dans les 10 % restant, les métropoles, on a besoin de construire des logements collectifs. Par exemple, la suppression du PTZ en zone B2 et C n’a aucune incidence pour les promoteurs. En revanche, pour les constructeurs de maisons individuelles, qui sont les premiers opérateurs en France et qui réalisent plus de 200 000 logements en France par an, cette suppression est une catastrophe.

 

Je pense que les attentes des promoteurs ont été prises en compte mais nous sommes plutôt dans l’attente de la mise en place de ce plan pour être rassurés.

Aujourd’hui, ce plan présenté annonce la forme mais pas le fond de la réforme du logement.

Prenons à nouveau l’exemple du PTZ. Nous savons que ce dernier est prolongé mais aucune précision n’a été apportée quant au maintien du différé qui faisait son succès. De plus, le taux de défiscalisation du dispositif Pinel n’a pas été annoncé. Le taux de 21 % va-t-il être prolongé ? Avant de vouloir construire plus, il est nécessaire d’analyser les besoins et les envies des français, aujourd’hui et pour demain.

 

 

Au Cœur de l’Immo - Pensez-vous qu’il y a des thèmes absents de ce projet, des thèmes qui auraient pu participer la bonne santé du marché du logement ?

Norbert Fanchon – En ce moment, le marché est excellent. Sur le court terme, tous les thèmes qui permettent son maintien ont été abordés. Cependant, sur le long terme, le plan ne considère pas le logement comme immobile.

Quand on construit un logement, on le bâtit pour 20, 30 ou 40 ans.

C’est dommage qu’aucun nouveau gouvernement ne réfléchisse aux futures problématiques du logement. Il faut anticiper le logement de demain.

Pour exemple, aujourd’hui, la couverture 4G définit le territoire français. Avant on faisait des routes pour aménager le territoire, maintenant ce sont les liaisons internet qui définissent les routes. En immobilier neuf, on parle de plus en plus de logements et d’immeubles connectés. Mais comment conduire ces innovations si le réseau ne suit pas… Pour moi, ce plan manque de prospective et ne permet pas de préparer aujourd’hui pour demain.

 

 

En savoir plus sur le Groupe Gambetta et Norbert Fanchon

Créé en 1923, le Groupe Gambetta est aujourd’hui un pionnier du logement coopératif au service de l’intérêt collectif. Le groupe est composé de 13 sociétés, réparties sur l’ensemble du territoire national, ayant pour activité l’accession abordable accompagnée, le locatif social et l’accession libre.

Après avoir occupé le poste de Directeur Général Promotion Immobilière pendant plus de deux ans, Norbert Fanchon a été nommé, en 2014, Président du Directoire de la holding du Groupe Gambetta. Diplômé de l’INSA Lyon et de HEC (Executive MBA), Norbert Fanchon, préside le groupe autour de valeurs partagées avec l’ensemble des collaborateurs : développer les talents, investir pour le futur et améliorer la ville.

 

Propos recueillis par Emilie Franconi.