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"Les copropriétaires devraient pouvoir s’opposer aux locations journalières", Fabrice Abraham

par Au Cœur de l'Immo, le

"Les copropriétaires devraient pouvoir s’opposer aux locations journalières", Fabrice Abraham

En tant que professionnel de l’immobilier, quel impact le développement des locations journalières via les plateformes internet spécialisées a-t-il sur votre activité ?

Dans notre réseau parisien, les agences immobilières déplorent que, chaque année depuis trois ans, 10% des locations qui leur étaient jusqu’alors confiées par des propriétaires leur échappent. Cela coïncide avec les témoignages quotidiens de patrons d’agence qui me rapportent que tel ou tel propriétaire préfère dorénavant louer son bien à la journée. 

 

Il faut dire que la location via ces plateformes rapporte généralement bien plus… 

Il y a en effet un déséquilibre totale entre la location à l’année, qui est réglementée - conclusion d’un bail qui engage sur la durée, conformité à l’encadrement des loyers… -, et des plateformes qui permettent aux propriétaires de fixer le prix qu’ils veulent sans contrainte. Pour exemple, un bien loué en temps normal 3.000 euros par mois dans le sud de Paris est affiché aujourd’hui au prix de 600 euros la nuitée en location journalière. Pour 20 jours de location par mois, le propriétaire peut ainsi escompter multiplier son revenu foncier par quatre.

 

Pour autant, vous n’êtes pas partie prenante de la plainte déposée lundi par 800 professionnels…

Non. Je ne pense pas que parler de la condition des agents immobiliers fasse pleurer dans les chaumières et j’ai l’habitude de prendre mes responsabilités. Je ne suis pas contre le progrès. Les technologies qui émergent cassent nos codes, nos certitudes et bousculent les  positions dominantes. Tout cela est très bien. Je remarque cependant que les locations journalières assèchent le parc locatif privé alors que l’accès au logement, spécifiquement pour les jeunes, est particulièrement compliqué. J’insiste en outre sur le fait que les plaintes de copropriétaires qui subissent les nuisances de personnes de passage se multiplient. C’est un vrai problème, les assemblées de copropriétaires devraient pouvoir intervenir. 

 

De quelle manière ? 

Si l’autorisation de la copropriété était obligatoire, chacun agirait en connaissance de cause. Dans les immeubles exclusivement dédiés à cette activité, comme cela existe à Paris, l’assemblée des copropriétaires ne s’opposerait sans doute pas à sa poursuite. En revanche, dans la majorité des cas où les résidents s’attachent à habiter dans un lieu agréable, ils devraient avoir le choix de s’opposer à ce type de pratique. Le législateur doit s’emparer de ce sujet. 

 

Concernant la tension du marché de la location à laquelle contribuent les locations journalières, spécifiquement à Paris, la surataxation des résidences secondaires n’est-elle pas une réponse ? 

Non, tout ce qui va dans le sens de la surtaxation, de l’encadrement, a pour conséquence de chasser les propriétaires ou les investisseurs de Paris et d’assécher encore plus le parc locatif privé. Le remède est donc souvent pire que le mal. 

 

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