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« Nexity doit devenir une banque au sens immobilier du terme », Alain Dinin, P-DG de Nexity

par Au Cœur de l'Immo, le

« Nexity doit devenir une banque au sens immobilier du terme », Alain Dinin, P-DG de Nexity

Le Moniteur : Après de bons résultats 2017, vous prévoyez un chiffre d’affaires en hausse de 10 % en 2018. Vos marges vont-elles également s’apprécier à l’avenir ?

Alain Dinin : Sur les services, oui. Sur le bureau, tout dépendra des opérations. Sur le logement, nous atteignons la limite de la solvabilité des ménages : le revenu médian d’un foyer oscille autour de 1700 euros en France, et de 1 900 euros en Ile-de-France. Le logement est trop cher pour toute une partie de la population.

Nexity vend en moyenne des logements à 220 000 euros. Nous devons rester abordables, donc nous arrêtons d’acheter des terrains à des prix déraisonnables, car le prix du foncier est le premier facteur d’inflation des prix des habitations. Par ailleurs, comme nous avons 47 560 logements à construire, soit 2,6 années d’activité, nous développons des partenariats vertueux : en contrepartie d’engagements sur des volumes, les entreprises du BTP maîtrisent leur tarification.

 

Comment évolueront les prix des logements ?

Alain Dinin : Ils ont beaucoup augmenté depuis dix ans. A Paris et en première couronne, et dans les grandes métropoles régionales, ils ne baisseront pas du fait de la pression démographique et du mouvement de concentration urbaine.

 

Emmanuel Macron veut développer la mobilité dans le parc résidentiel, pour accompagner les carrières professionnelles. Pour répondre à ce défi, Nexity ne devrait-il pas se transformer en banque ?

Alain Dinin : Une « banque » au sens immobilier du terme, oui. Nous y travaillons. Par exemple, si vous devenez propriétaire d’un de nos logements, Nexity pourrait garantir le rachat de votre bien si vous êtes en situation de mobilité professionnelle. Nexity pourrait aussi être nu-propriétaire d’une habitation dont vous seriez usufruitier, avec option d’achat. De même, si vous êtes client du groupe et que vous divorcez, nous pourrions envisager qu’aucune caution ne vous soit demandée pour louer un appartement [Nexity est actionnaire de Century 21 et Guy Hoquet, deux réseaux d’agences immobilières, NDLR].

Tous ces sujets font partie de la société de services que nous développons désormais. Pour y parvenir,
il faut un cadre juridique, fiscal et financier adapté. Mais pour l’heure, le gouvernement ne semble pas vouloir toucher aux textes en vigueur.

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Le projet de loi Elan n’est-il pas assez ambitieux ?

Alain Dinin : Ce texte est plein de bonnes intentions, mais il n’est pas à la mesure des enjeux, faute de partir du constat des besoins et de l’explosion de la demande qui est devant nous. En 2030, la France comptera 32 millions de ménages, environ 4 millions de plus qu’aujourd’hui, les personnes seules représentant les deux tiers de cette croissance. Le sujet des types de logements et de services adaptés à la nouvelle morphologie des cellules familiales est essentiel. Les membres du gouvernement entendent cela, mais ils se focalisent sur des sujets essentiellement budgétaires. Ils n’osent pas remettre à plat la fiscalité du secteur.

Le projet de loi veut faciliter la transformation de bureaux en logements mais, à Paris, le taux de vacance oscille autour des 2 % [2,7 % dans le quartier central des affaires selon Knight Frank, NDLR] ! Le texte prévoit le développement des grandes opérations d’urbanisme (GOU), jumelles des ex-ZAC, sans moyens supplémentaires. Or, une opération d’envergure sur plusieurs communes implique des équipements publics supplémentaires, et donc des financements…

 

Avec la réforme du secteur HLM et la baisse des APL, prévoyez-vous une baisse de vos ventes aux bailleurs sociaux ?

Alain Dinin : J’anticipe une baisse de la commande de logements des plus petits bailleurs sociaux, qui seront obligés de se regrouper. Les plus gros continueront d’acheter. Toutefois, un certain nombre de décisions concernant les organismes HLM, mais aussi le Grand Paris, le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) ou les quartiers prioritaires de la ville, provoqueront en 2020 des effets de contraction du marché. D’autant qu’avec les élections municipales cette année-là, les maires pourraient retarder l’octroi des permis de construire.

 

Chaque année, Nexity investit 30 millions d’euros dans l’innovation et le digital. Mais vous avez lancé Eugénie, une solution pour connecter vos logements, dix-huit mois après Flexom de Bouygues Immobilier…

Alain Dinin : Et alors ? Eugénie n’a pas été lancée pour faire du chiffre d’affaires supplémentaire, mais pour répondre à la demande des clients. Nos commerciaux nous remontent un effet « waouh ». Le vrai défi des services aux clients, c’est de les rendre viables économiquement. Des briques se mettent en place, nous sommes en train de construire le modèle.

 

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